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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 19:13

Le procès intenté à Eric Zemmour nous permet de débattre à nouveau sur un sujet plus que tabou. Comment se sortir de la haine raciale et évoluer vers plus d'humanisme si l'on occulte les sujets dérangeants?

 A mon avis ce n'est pas la pratique du "culturellement correct" qui fera avancer les tensions qui existent au sein des différentes communautés qui colorent le paysage français. Rien ne sert de passer la pommade à "nos pauvres immigrés". Je pense qu'ils gardent les moyens de se défendre et que, tant que le débat restera ouvert, nous saurons que nous vivons encore dans un état démocratique. Les problèmes de conflits qui  existent dans le réel entre les musulmans , les juifs, les métisses de toutes sortes et les purs veaux français méritent que le débat soit engagé et ne soit pas stoppé par des considérations hypocrites qui ne serviraient qu'à entériner la foulitude de situations dont l'extrême droite, via Marine Le Pen, se fait un plaisir de profiter. Je regrette que l'on soit à ce jour contraints d'en passer par la justice. Si toutes ces associations bien-pensantes restaient un peu plus ouvertes, le débat pourrait se poursuivre dans les médias. En  espérant un peu plus de tolérance de part et d'autre. Car il me semble que chacun reste sur des positions très déterminées. Je reste surtout l'idée que débattre et communiquer doit avant tout servir à progresser et à parvenir à trouver quelques terrains d'entente. Pourquoi ne pas s'adresser directement aux pouvoirs publics qui trouvent leurs intérêts personnels en divisant les citoyens ?

Procès Zemmour : doit-on aller au tribunal pour débattre d'immigration ?

Tefy Andriamanana - Marianne | Vendredi 14 Janvier 2011 à 05:01 | Lu 16311 fois


Deuxième jour du procès Zemmour, plusieurs témoins sont venus à la barre pour témoigner en faveur ou défaveur du chroniqueur. Le sujet de l'immigration est encore tabou pour certains.



Eric Zemmour est décidément étonnant. Étiqueté comme « réactionnaire » par Libération, il a invité à son procès des témoins allant d'Eric Naulleau à Xavier Raufer, criminologue conservateur, grand opposant à la « culture de l'excuse ». Mais quelle que soit leur couleur politique, ses soutiens ont un même avis : Eric Zemmour a le droit de s'exprimer, quitte à choquer.

Jeudi 13 janvier se poursuivait donc l'audition des témoins dans le procès Zemmour. Le premier à intervenir fut Louis Schweitzer, ex-président de la Halde, cité par SOS Racisme. Celui qui fut aussi PDG de Renault (entreprise déjà condamnée pour discrimination raciale ), est parti dans une longue et lourde explication juridique sur l'état du droit en matière de discriminations. Il a aussi noté qu'elles touchent plus particulièrement les gens « issus du Sud de la Méditerranée ». Au même titre que les handicapés sont des « personnes à mobilité réduite », il ne fait pas bon dire que les noirs sont noirs.

Les failles de la Halde
Me Olivier Prado, avocat d'Eric Zemmour, a d'ailleurs taclé Schweitzer à ce sujet : « Vous n'utilisez jamais les mots "noirs" et "arabes" » ? « Parfois » a répondu l'ex-directeur de cabinet de Fabius. Me Prado lui a alors demandé si Barack Obama est Noir : « Aux USA, son père est noir, sa mère est blanche ». Et Michelle Obama : « Aux USA, elle est considérée comme née de parents noirs ». Joli débat sémantique mais il est vrai que dire black est nettement plus branché.

Autre faille de Louis Schweitzer, également ex-président du conseil de surveillance du Monde, la politique de la Halde. Et là, Me Olivier Prado a choisi de l'attaquer par l'absurde. L'avocat a pris l'exemple des discriminations en fonction du sexe et a noté que l'Eglise catholique refuse toujours les femmes au sein de la prêtrise. « On pourrait tenter un procès sur ce sujet », a répondu le témoin.

Idem avec l'affaire Baby Loup. L'employée d'une crèche avait été licenciée au motif qu'elle portait le voile. Ce licenciement avait été contesté par la Halde, du temps de Louis Schweitzer mais validé par les Prud'hommes. A l'inverse, Jeannette Bougrab, successeure de Schweitzer avant d'entrer au gouvernement, avait soutenu la position de la crèche. Me Prado a alors demandé si c'était le rôle de la Halde de dire le droit. Schweitzer a dû reconnaître que ce n'est « pas le rôle de la Halde de dire le droit à la place du juge ».

L' «aveu de faiblesse» de SOS Racisme
Puis ce fut au tour d'Eric Naulleau, complice d'Eric Zemmour dans « On n'est pas couché », de venir à la barre. D'emblée, il a précisé : « Si je devais attaquer Eric Zemmour à chaque désaccord, je passerai ma vie au tribunal ». Le chroniqueur a également signalé le contexte particulier dans lequel Zemmour avait prononcé les propos incriminés : « Dans cette émission (de Thierry Ardisson, ndlr), on ne peut pas argumenter, ce sont des échanges sur le modèle du ping-pong ». Il a ajouté que c'était différent sur le plateau de France 2.  « Peut-être qu'Eric Zemmour a négligé cet aspect de l'émission d'Ardisson », a regretté le témoin.

Mais Eric Naulleau a soulevé un point sensible lors de son audition. Il a fustigé les parties civiles (Sos Racisme, Licra, Mrap, Uejf) qui « refusent le débat intellectuel », « une défaite de la pensée », « un aveu de faiblesse » pour lui. « Le débat (sur les causes de la délinquance, ndlr) devrait avoir lieu dans un colloque et pas au tribunal », a-t-il martelé. Il s'est aussi permis une pique assez salée : « Eric Zemmour a lancé un débat, il a plus fait pour la lutte contre les discriminations que quelques bonnes âmes avec leurs pétitions ».

Sur ce point, Eric Naulleau ne sera pas repris par les parties civiles. Elles ont préféré se concentrer sur la forme et les conditions de production des propos d'Eric Zemmour. Il est vrai que c'est le plus gros point faible du chroniqueur, qui ne demande jamais à visionner les émissions après montage. D'ailleurs, ses adversaires ont souligné que ses critiques sur le montage de l'émission d'Ardisson pouvait apparaître comme un rétropédalage. Revenu à la barre, Zemmour a vivement protesté : « J'assume toujours mes propos, quelles que soient les conséquences », jetant un regard noir sur Me Christian Charrière-Bournazel, avocat de la Licra.

Peu de débat de fond
Mais on a aussi tenté de parler du fond. Plusieurs intervenants sont venus exposer différentes données sur les origines des délinquants. Pierre Manzoni, préfet de l'Allier, a été peu convaincant renvoyant vers un rapport des Nations Unies sur la nationalité des trafiquants d'êtres humains. Lucienne Bui-Trong, ex-chef de la section Ville et Banlieues aux RG, a été plus précise et s'est basée sur une des études montrant que, dans les années 1990, « 85% » des « meneurs de violences urbaines » avaient un nom à consonance maghrébine. Les parties civiles lui opposeront que son travail est resté justement limité aux quartiers sensibles alors qu'Eric Zemmour parlait des « trafiquants » sans distinction de territoire.

Une autre étude a été citée par plusieurs témoins. Un rapport de 2002 par une commission d'enquête du Sénat sur la délinquance des mineurs pointait une « surdélinquance des jeunes issus de l'immigration » se basant sur les travaux du sociologue Sébastian Roché. Ces chiffres montrent notamment que 22,3% des jeunes ayant deux parents de nationalité d'un pays du Maghreb ont déjà commis plus de dix actes peu graves de délinquance contre 13,1% des enfants de Français.

Malek Boutih, à l'époque président de... Sos Racisme, avait témoigné devant cette commission notant qu'« il y a plus de "bronzés" que de blancs dans les centres de jeunes détenus ». Il avait ajouté : « Par ailleurs, dans les familles d'immigrés, les enfants prennent très vite le pouvoir. Déjà, d'une manière générale en France, le rapport au savoir a tendance à s'inverser en raison des modifications technologiques, des nouveaux rapports urbains, et les jeunes générations ont parfois une meilleure connaissance que leurs parents de la société. Alors, chez les immigrés, imaginez !... »

« Les Maghrébins sont-ils arabes ? » (Mrap)
Les parties civiles trouveront un argument de poids face à ce rapport. Les enfants d'immigrés, ce ne sont pas les « noirs et les arabes », évoqués par Eric Zemmour, donc Zemmour a tort, donc il mérité d'être condamné. Me Pierre Mairat, avocat du Mrap a vivement débattu du sujet avec le préfet Manzoni. Claude Goasguen, député UMP de Paris, témoin cité par Eric Zemmour, répondra lui : « Si l'immigration, ce n'est pas les noirs et les arabes, qu'est-ce que c'est ? », déclenchant les foudres des parties civiles. L'écrivain Denis Tillinac subira la même question de l'avocat du Mrap : « Quelle est la géographie, la nationalité d'un Noir ? Les Maghrébins sont-ils arabes ? Et les Kabyles ? ».

Avec de telles discussions sémantico-génétiques, on en oublie le débat de fond. Qu'on soit d'accord ou pas avec Eric Zemmour, il devrait être permis de s'interroger sur les causes non économiques de la délinquance. On peut contester les détail des instruments de mesure, mais se contenter de dire que la pauvreté est l'unique cause mécanique de la délinquance ne mène pas très loin. Mais les parties civiles n'aborderont jamais ce point, et les témoins de Zemmour, tel Xavier Raufer, n'ont jamais vraiment insisté non plus, rapportant juste quelques statistiques avec plus ou moins de brio.

Là est justement le problème. Le tabou du débat sur les causes extra-économiques de la délinquance fait qu'il n'est évoqué qu'au mieux chez Ardisson, au pire au tribunal. « Personne n'a de difficultés à parler de statistiques sur l'immigration ou des noirs et des arabes », a pourtant dit l'avocat du Mrap. Pour le prouver, il aurait alors fallu traiter Eric Zemmour comme un adversaire politique et non comme un délinquant. Le procès se terminera vendredi 14 janvier avec les plaidoiries et le réquisitoire du parquet.

Retrouvez la première partie du procès
Procès Zemmour : plus pertinent à la barre qu'à la télé !
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