En partant du problème posé
par le procès de Romain Dupuy, nous pourrions nous poser de nombreuses questions sur la manière dont la Justice gère la prise en compte de la responsabilité des fous.
Pour les faits, voir cet article de Marianne 2.
et le compte-rendu de « Faites entrer l’accusé »
sur France 2
Le problème posé est le suivant :
Comment satisfaire les familles de victimes de la mort d’un de leurs proches tout en pratiquant une justice au plus près de ses obligations ?
Tout d’abord, je me permets de rappeler que les victimes ne sont à priori pas les personnes les mieux choisies pour représenter la justice car elles se trouvent en situation de grande douleur donc très souvent de vengeance. Et je sais de quoi je parle car j’ai été directement concernée par le sujet sur un crime commis envers un personne très proche de moi.
La justice et la loi du talion ne devraient pas faire chemin commun et j’entends bien que de nombreux juristes tentent d’expliquer cette notion sans être compris.
Dès que l’on est conscient de ce principe absolu, l’on peut déjà se poser la question des interventions de Nicolas Sarkozy durant la procédure concernant Romain Dupuy.
Cette pression gouvernementale n’est pas déontologique. Elle a été lancée uniquement dans un but démagogique de notre président pour racoler un peu plus de soutien de la part des électeurs qui croient en son engagement sécuritaire.
Le problème se situe bien en deçà de ces réflexes primaires.
Il remet entièrement en cause le pouvoir des experts psychiatres ainsi que les mesures de limitation de budget sur la psychiatrie hospitalière.
Au niveau des internements psychiatriques, ils ont été plus que réduits car de nombreux lits et postes de psychiatres ont été supprimés au sein des hôpitaux publics.
Exemple sur un collectif des syndicats de l'AP .
Comme le dit Marianne 2, je ne m’attaquerai pas aux psychiatres sinon je vais devenir [fou] folle !
Mais je suis un tantinet folle et m’autorise par ce biais à confirmer leur grande incompétence.
Ayant eu quelquefois affaire à ces soi-disant spécialistes de la santé mentale pour cause de pétage de plombs à l’Education Nationale, j’ai pu constater la diversité de leurs diagnostics sur des comportements identiques, mais ne mettant pas en danger la vie des autres.
J’ai aussi connu un homme qui avait passé la moitié de sa vie en prison pour vols et casses divers et variés...mais je n’ai peut-être pas tout su. En tout cas, d’après mes connaissances psychiatriques, il entrait dans la catégorie des sociopathes.
Je n’ai jamais pu savoir à son sujet s’il avait déjà commis un homicide.
Mais j’ai pu comprendre qu’il avait de gros problèmes liés à la pédophilie ainsi qu’un manque de notion entre le bien et le mal dus à une mère trop faible et à des agressions sexuelles durant son enfance.
Lors de ses nombreux procès, moult experts psychiatres ont été délégués afin de formuler un diagnostic sur son état mental.
Et lui ne faisait que rigoler car les avis de ces soi-disant experts étaient une fois sur deux contradictoires.
On ne peut certes fonder un principe sur deux cas particuliers mais j’ai pu constater les mêmes incertitudes sur les enfants perturbés au sein des écoles publiques françaises et me sui aussi beaucoup informée sur la question de la responsabilité chez les malades psychiques.
Pour en revenir à la question de budget, comment voulez-vous que l’efficacité des médecins psychiatres évolue puisque leurs postes sont de plus en plus réduits ?
Et comme le disait un expert dans l’émission de Hondelatte (voir plus haut) : « être honnête et sérieux tient surtout du bénévolat », car une heure ou 20h et plus consacrées au même cas juridique sont rémunérées par la même somme.
D’autre part je rappelle que les propos de Marie-Claire Dupuy, mère d’un enfant malade Romain, avaient confirmé haut et fort le risque de dangerosité de Romain Dupuy qu’elle n’appelait plus son fils quand il se trouvait en prise directe avec ses démons.
Pourquoi, après toutes les alertes que cette admirable femme a lancées, non seulement aucun médecin n’en a tenu compte pour interner Romain, mais encore il lui a été dit que c’était à elle de se faire soigner ? Ce type de réaction chez les psychiatres ne me surprend pas mais me révolte toujours. En effet, habitués à fréquenter le pire, quand ils exercent depuis longtemps, leur représentation finit par être faussée. Théoriquement proches d’hommes et de femmes très perturbés et s’ils sont honnêtes, ils les comprennent et les soutiennent, qu’ils soient médecins traitants ou experts délégués par un tribunal. Donc, par conséquent, ces spécialistes me semblent moins attentifs aux réactions de l’entourage proche du malade et ont tendance à ne pas les écouter.
Je suis très dérangée par cette
conception des médecins en France, très souvent d’obédience freudienne, qui rejettent systématiquement les problèmes de l’enfant sur leur mère et je vous rappelle que la France est avec
l’Argentine le dernier pays à croire ne ces théories limitées et dont les résultats n’ont jamais été observés, sauf pour les personnes bien portantes.
Voir un point de vue sur ce
pavé...un peu dans la mare :
Le livre noir de la psychanalyse.
Et mon
article sur Philippe Pignare.
Il me semble qu’il y a là une énorme carence des pouvoirs politiques sur la question des investissements budgétaires comme sur la déontologie du traitement des malades psychiatriques.
Alors, qui incriminer vraiment comme responsable ?
Faudrait-il laisser se débrider la vindicte populaire avec le soutien de notre chef d’état ou pouvons-nous encore garder l’espoir que certains juristes parviendront à se faire entendre ?
Comment contenter les victimes sans entrer dans un jeu de dupes ?
Si le criminel est majoritairement considéré être irresponsable, comme cela été le cas pour Romain Dupuy, pourquoi faire acte d’une mascarade qui apaiserait les victimes ?
Je pense que pour assumer la perte d’un proche il faut que le temps passe et cela n’est quelquefois pas possible. L’idée que la justice puisse aider à la résolution de ce problème me semble infondée. Le système judiciaire n’a pas pour vocation de régler les problèmes psychologiques des victimes. C’est pour moi un détournement de son rôle.
Et je déplore les réformes de Sarkozy sur ce sujet.
Voir par exemple sur Reso-net :
Qu’en
pensez-vous ?
(Tèche nique : j'ai eu un problème pour insérer les derniers liens et je vous remercie de me
signaler s'ils ne fonctionnent pas. En ce cas il vous suffit de faire un copier-coller pour y accéder.)