Certaines personnes prétendent que les êtres fragiles sont très, trop, sensibles aux bruits.
Ce que je remarque en premier lieu est qu’ils résident eux-mêmes dans des pavillons indépendants protégés d’une promiscuité difficile à supporter dans un immeuble en « béton armé avec structures métalliques ».
Juste pour vous montrer le parcours de la lutte anti-bruit dans ce genre de blockhaus.
Au petit matin, l’homme de service dépose lourdement son matos contre la rampe en métal de l’escalier extérieur situé à 50cm de votre tête endormie. La dite structure ne manquant pas de transmettre à vos tympans un réveil on ne peut plus violent.
Ensuite, chacun vaquant à ses occupations extérieures, vous subissez vingt fois le choc de la fermeture automatique de la porte d’entrée que jamais personne n’a su régler.
Si vous avez la chance que cela ne soit pas le jour où la société de jardinage vienne vous assourdir avec sa tondeuse, sa coupeuse, sa rassembleuse de feuilles et l’aspirateur compris, vous pouvez rester tranquille durant une heure ou deux.
Puis s’éveillent les jeunes qui vous balancent leur musique pourrie avec les basses à fond les manettes.
La voisine du dessus qui frappe le sol de ses talons comme si elle accomplissait chaque jour un marathon, déplace les meubles, passe l’aspirateur puis s’enfuit en courant non sans avoir fait tourné les réacteurs de sa bagnole durant le temps où elle interpelle sa copine d’en face pour lui raconter sa vie.
Après un calme relatif durant le repas de midi, car seule la bouffe les tient tranquilles, on passe aux perceurs –frappeurs en tous genres. Les professionnels pour la semaine et les amateurs le week-end.
Durant toutes ces activités, la porte de la cave claque puissamment car son groom pète les plombs, et le vide-ordure ne fait pas relâche avec des chutes de bouteilles sur une hauteur de trois étages.
Pour peu que le vent soit lui aussi remonté, vous aurez en bénéfice durant toute la journée des claquages de portes blindées et de fenêtres en ferraillerie lourde.
Au quotidien, les bruits de machines diverses et variées de la SADE
située à côté de la Résidence. J'adore par ailleurs le nom de cette société de travaux hydrauliques.
Quand je suis arrivée ici, le terrain devait être racheté par la municipalité afin d’y investir un « centre aéré » pour les enfants. Mais la SADE devait rapporter bien plus à la commune.
Je n’ose même pas vous parler des hurlements produits par les enfants qui se disputent et s’insultent sous votre fenêtre, car cela fait office de berceuse au regard des vibrations subies en permanence grâce à la merveilleuse invention du béton armé.
Alors, à ceux qui osent affirmer que la résistance au bruit est un critère d’équilibre psychologique, je prête mon appartement durant deux semaines afin de poser moi-même un diagnostic sur leur état mental à la fin de leur séjour.